• 1er quart de siècle avant l'infini ...

    Dans un pays loin d'ici, sur un continent presque oublié de tous, dans une petite ville ignorée nommée Paris, une petite Fée, petite par la taille mais grande par son caractère est actuellement en train de passée une journée extraordinaire ! Il y a maintenant un quart de siècle, le soleil se leva pour la 1ère fois avec une fée de plus à illuminer. Une petite brunette mignonnette, aux charmes déjà très développés, ouvrait ses petits yeux noirs pour la première fois. Le temps a passé et la voila aujourd'hui devenu une femme ! La petite Fée se fit parfois Sorcière, amicalement ou diaboliquement pour le plaisir ou le malheur de ses victimes ! La vie ne lui a pas toujours fait de cadeau, et alors, elle en est devenue plus forte et son regard est là pour nous rappeler à qui nous avons à faire ! Bouclée comme un océan de nuit, des yeux d'éclipse totale mais d'une brillance incroyable, un sourire mystérieux et angélique cachant parfois des crocs pour mordre tendrement ou violement. La Belle est la Fée qui joue les Sorcières. Je ne peux pas prétendre que je la connais beaucoup, je sais simplement que je l'apprécie énormément, que je la considère comme une de mes amies et que j'aime beaucoup la voir heureuse, elle compte énormément pour moi ...

    Alors, pour ton 25eme anniversaire, ma Belle, je t'embrasse très fort et te souhaite toute la joie, le bonheur et toutes les bonnes choses que la vie peut offrir ! Je sais c'est cliché mais bon ! Alors pour ne pas lister de nouveau la montagne de superlatifs non exhaustive te décrivant que notre Mapounette nous a énuméré et qui sont on ne peut plus vrais, même peste, je n'ajouterais, mon adorable chieuse, que tu me manques ! Et que j'ai hâte de me faire emmerder et envahir à nouveau par toi ! Si si ! C'est mon coté Maso qui ressort !

    Bon anniversaire et bonne fête !
    SMACK !


  • Commentaires

    1
    Timounch
    Vendredi 15 Juillet 2005 à 11:53
    Merci Jul
    ça me touche beaucoup tout ça... La Fée parfois devenu Sorcière, t'embrasse fort
    2
    Jul
    Samedi 16 Juillet 2005 à 19:18
    a la plus Belle
    des Fée et la plus adorable des Sorcière, je t'envois un tendre baisé ! Revien nous vite ! tu nous manques déjà !
    3
    cristobaiseur
    Jeudi 4 Août 2005 à 14:45
    amour fidele
    Je t’aimerai aussi longtemps que nous vivrons tous les deux. » La fiancée répète les mêmes promesses. Il s’agit souvent des seuls serments publics que font les gens au cours de leur vie. Qu’est-ce que l’homme et la femme se promettent exactement dans le mariage ? Quel est le sens de l’engagement conjugal et quelle sorte d’amour la fiancée et le fiancé ont-ils promis de partager ? Je me demande parfois si les intentions et la manière dont se déroule nombre de mariage aujourd’hui ne seraient pas mieux reflétés par les promesses suivantes : « Je te choisis pour être mon épouse dans les bons moments mais pas les mauvais, pour la richesse mais pas la pauvreté, jusqu’à plus ample information. » Certaines personnes remplacent réellement « aussi longtemps que nous vivrons » par « aussi longtemps que nous nous aimerons ». Pourtant, presque tout le monde prononce le vœu traditionnel ou une formule similaire, et presque tout le monde a au moins le désir de vivre selon cette promesse. On doit comprendre ce qu’on a promis pour pouvoir vivre selon ce qu’on a promis. Les époux promettent de s’aimer l’un l’autre. Mais en prononçant un tel vœu, que promettent-ils exactement ? Les Grecs utilisaient trois mots différents que nous pouvons traduire par le mot « Amour ». Ces trois mots sont : Eros, Philia, et Agapé. Quelle différence y a-t-il entre eux ? L’Eros est l’amour qui surgit de l’instinct sexuel basique, tel que le décrit Shakespeare dans Roméo et Juliette. L’Eros est intense, passionné, et profondément sexuel. Il peut débuter avec un regard et peut être entièrement consumé en bien moins que neuf semaines et demie. Le Banquet de Platon traite le sujet à travers un dialogue au cours duquel chaque personne, lors d’un souper, s’efforce de donner un discours faisant l’éloge de l’amour. Le discours le plus mémorable est peut-être celui d’Aristophane, l’auteur des comédies. Originellement, dit-il, il y avait trois genres sexuels, le premier purement masculin, le second purement féminin, et le troisième consistait dans une créature à moitié mâle, à moitié femelle. Ces êtres se révoltèrent contre les dieux. Pour les punir, afin de les affaiblir et de les désorganiser les créatures, ces créatures furent coupées en deux. Le résultat fut l’accroissement du désir sexuel de ces trois sortes d’être. Les créatures originellement mâles/mâles ou femelles/femelles, une fois séparées, furent saisies par la nostalgie de leur moitié masculine pour les mâles ou de leur moitié féminine pour les femelles exaltée dans un amour érotique homosexuel. Quant à la créature composée mâle et femelle, la partie féminine recherchait la partie masculine, et réciproquement. De là surgit l’amour érotique hétérosexuel. Presque tous les Grecs anciens défendent l’Amour (Eros) homosexuel masculin. Aristophane, tel qu’il est décrit par Platon, suggère que, puisque le principe masculin est supérieur, l’amour érotique masculin / masculin est supérieur à l’amour hétérosexuel, l’amour érotique entre hommes et femmes étant inférieur, et l’amour érotique entre deux femmes le plus inférieur entre tous. Peut-être que l’étrangeté de l’histoire d’Aristophane est supposée, par elle-même, jeter le doute sur cette opinion, mais il y a une profonde vérité qui peut être retirée de son récit. Martha Nussbaum, dans son livre The Fragility of Goodness (1986) note que cette vérité est à la fois complètement sérieuse et complètement comique. « Lorsque nous entendons le mythe d’Aristophane sur cette recherche passionnée, nous sommes conduits à penser combien il est curieux, après tout, que les corps doivent avoir ces trous et ces membres en eux, et comme il est curieux également que l’insertion d’un membre dans un trou doive être pensée, par des êtres ambitieux et intelligents, comme un sujet des plus importants » (172). « Vu de l’extérieur, nous ne pouvons pas nous empêcher de rire - des créatures tournant partout anxieusement pour essayer d’enfoncer un morceau d’eux-mêmes à l’intérieur d’un trou ; ou peut-être encore plus comique, des créatures qui attendent dans l’espoir que quelque trou en eux puisse être comblé. » (173) Il est également important de noter combien l’explication de l’eros que donne Aristophane est différente du récit d’Adam et Eve dans le livre de la Genèse. Selon Aristophane, l’eros se présente comme une punition divine à la suite d’un mauvais comportement. Dans la Genèse, l’eros entre Adam et Eve est une part du projet divin depuis le commencement, et donc aucunement lié à une punition. Rien ne satisfait le désir érotique d’Adam jusqu’à la création d’Eve. A la suite de la chute, cette relation est ternie et Adam, qui a échoué à être là où il aurait du être lors de la confrontation d’Eve avec le serpent démoniaque, blâme celle-ci pour leur situation. Les relations conjugales deviennent conflictuelles pour la première fois. Mais selon le texte biblique, l’amour de l’homme et de la femme est une part de la bénédiction originelle sur la création, une bénédiction originelle abîmée mais non pas supprimée par le péché originel. Dans le mariage, l’eros est un élément important. Ce qui est profond appelle ce qui est profond, et deux personnes aspirent à n’être qu’une, et ils ne ressentent un certain sentiment de complétude que dans cette unité. Aujourd’hui, pourtant l’importance de l’Eros dans le mariage est rarement sous-estimée et même souvent surestimée. Cela peut sembler choquant mais nous espérons clarifier cela en précisant la seconde sorte d’amour : l’amitié. La Philia est une sorte d’amour peut-être moins familière aux esprits modernes, parce que, dans la culture moderne, l’amitié tend à être sous-appréciée peut-être simplement parce qu’elle est sous-expérimentée. Nous avons tendance à avoir beaucoup de connaissances et peu d’amis. Combien parmi nous ont la chance de vivre avec des amis une relation telle qu’Augustin d’Hippone la décrit : « Toutes sortes de choses réjouissent mon âme en leur présence - parler, rire, et faire chaque chose avec bienveillance et bonté ; lire en commun de bons livres, passer des plaisanteries légères aux discussions les plus profondes, et revenir aux premières ; être parfois en désaccord sans manifester de rancœur, comme on en a parfois avec soi-même, et quand plus rarement une dissension surgit, qu’elle donne plus de goût à une unanimité presque constante ; s’enseigner l’un l’autre ou apprendre l’un de l’autre ; (...) tous ces signes qui, jaillisssant du coeur de ceux qui s’aiment, se manifestent par l’expression du visage, la voix, les yeux, et un millier d’autres manières agréables opèrant la fusion des âmes qui, de plusieurs, en viennent à n’en plus former qu’une seule. » L’amour conjugal est grandement diminué sans cette sorte d’amour fraternel. Dans le film When Harry met Sally (Quand Harry rencontra Sally), Billy Cristal remarque que les hommes et les femmes ne peuvent jamais être des amis car la « chose sexuelle » se met toujours sur leur chemin. Dans son livre Les quatre amours, C. S. Lewis suggérait avec plus de précision que les hommes et les femmes peuvent être amis sous certaines conditions. « Quand deux personnes, qui découvrent qu’elles sont le chemin du même secret, sont de sexes différents, l’amitié qui naît entre elles ira aisément - peut-être dans la première demie-heure - vers l’amour érotique. En effet, à moins qu’elles n’éprouvent une répulsion physique l’une à l’égard de l’autre, ou encore que l’un ou les deux soient déjà amoureux par ailleurs, il est presque certain que cela arrivera tôt ou tard. Et inversement, l’amour érotique peut conduire à l’amitié entre les deux amants. » Nous aimerions débattre avec Lewis : mais il manque quelque chose au caractère de l’amitié homme-femme lorsque celle-ci existe entre deux personnes qui ne peuvent pas générer un nouvel être humain.. Pourtant, il serait sage de parler de la nature de l’amitié en général avant d’aborder la question de l’amitié entre les sexes ou entre maris et femmes. L’Ethique à Nicomaque d’Aristote offre peut-être la réflexion la plus célèbre et la plus détaillée jamais écrite sur l’amitié. C’est certainement celle qui a eu le plus d’influence. Aristote suggère que l’amitié implique une bonne volonté mutuelle, une activité en commun, et un amour pour l’autre. Nous ne pouvons pas être amis avec quelqu’un qui n’éprouve pas une amitié réciproque. Aussi amical puissions-nous être avec une autre personne, si elle n’a pas d’amitié en retour, nous ne sommes pas des amis. L’amitié est comme une rue à double-sens. De même, les amis n’éprouvent pas seulement de la bonne volonté envers une autre personne comme des voyageurs se souhaiteraient du bien l’un à l’autre. La véritable amitié semble inclure une sorte d’activité commune, que ce soit faire une excursion dans les Alpes, faire des courses, ou regarder à la télévision un match de football. Il y a trois choses, semble-t-il, que les êtres humains trouvent particulièrement aimables. Nommément, ce qui est utile, ce qui est agréable, et ce qui est bon en soi. De là, Aristote conclut qu’il doit y avoir trois sortes d’amitié : l’amitié fondée sur l’utilité, celle fondée sur le plaisir, et enfin l’amitié fondée sur l’excellence personnelle, qu’il appelle « vertu ». J’ai un souvenir très vivant de ma première expérience d’une amitié fondée sur l’utilité. J’étais l’un des élèves les plus âgés de ma classe et donc j’ai pu passer mon permis de conduire avant presque tous mes camardes, pour la plupart plus jeunes. Si vous saviez comme j’étais célèbre alors. Le téléphone sonnait week-end après week-end : mes amis appelaient car ils avaient tous de formidables idées sur la manière de passer le temps. Nous passions chaque week-end ensemble. Etrangement, l’année suivante, le téléphone ne sonna plus. Mes « amis » ayant dépassé les seize ans, moi (et ma voiture) n’étions plus indispensables. Un ami d’utilité est donc une personne qui a de l’amour pour une autre, non pas tant à cause de ce que cette personne est, mais plutôt pour ce que cette personne peut faire pour lui. De la sorte, ce qui est utile change fréquemment, et les amitiés d’utilité durent aussi longtemps qu’une partie est utile est l’autre - par exemple acheter des bières, aider à faire des devoirs, faire du vélo à travers la ville. Ces amitiés sont plus enclins aux désaccords parce que, à leur base même, elles sont fondées sur un arrangement mais sans contrat formel. Chacun peut craindre de donner trop et de recevoir trop peu. Maintenant, semble-t-il, il peut y avoir des amitiés conjugales d’utilité. On peut penser au top modèle Anna Nicole Smith âgée de 26 ans et à son mari milliardaire de 89 ans, le pétrolier texan J. Howard Marshall. Elle recevra 450 millions de dollars après sa mort ; quant à lui, il a à sa disposition une femme dont il peut exhiber fièrement la beauté comme un trophée. Il y a fréquemment des exemples sans doute moins flagrants malgré la maxime selon laquelle celui ou celle qui se marrie pour de l’argent doit en gagner chaque centime. Pourtant, une amitié conjugale d’utilité a besoin non pas d’être grossière mais plus simplement économique. Considérons une femme à la trentaine bien avancée et un homme célibataire au même âge avec de fréquentes aventures. Des personnes dans cette situation peuvent épouser quelqu’un avec lequel elle n’aurait jamais envisagé une telle chose 10 ou 5 ans plus tôt. Dans les affaires et les amitiés d’utilité, il est préférable de s’arranger en vue de quelque choses plutôt que pour rien. Une amitié conjugale d’utilité est une sorte d’affaire dans laquelle chaque partenaire négocie le partage le plus juste des ressources et s’entend sur le fardeau le plus léger à porter. Ce sera du 50 / 50, ou rien du tout. Une autre sorte d’amitié décrite par Aristote est l’amitié fondée sur le plaisir, une autre sorte de bien que les gens aiment trouver chez les autres. Il dit que cette sorte d’amitié est commune parmi les jeunes. Ici nous pouvons énumérer les amis avec lesquels on aime aller boire, avec lesquels on aime passer les bons moments mais jamais les mauvais. Plaisanter, rêver, passer du bon temps, voilà ce qui rassemble les amis pour le plaisir. De tels amis ont des visages brillants et bien propres et sont appréciés tout autour d’eux. Ces amitiés semblent plus stables que les amitiés fondées sur l’utilité, puisque ces dernières finissent souvent par des conflits - comme cela arrive fréquemment quand les affaires se font sans un contrat explicite. Comme Aristote l’a noté, se sentir méprisé ou traité injustement est assez commun dans une amitié d’utilité, alors que se mettre en colère avec quelqu’un qui n’a pas réussi à vous donner du plaisir est ridicule. « Vos plaisanteries ne font plus rire. Quel est le problème ? » « Hô, tu as une vilaine poussée d’acné. J’en avais justement marre de cela. » Bien qu’elles soient habituellement plus stables que les amitiés d’utilité, celles fondées sur le plaisir peuvent bien sûr s’arrêter lorsque se tarit la source de plaisir. Ce qui nous donne du plaisir ne semble pas être ce qui dure le plus longtemps. C’est super de regarder un spectacle à la télé, mais si vous deviez regarder encore et encore le même spectacle, cela finirait par vous lasser. Il est rare que les amis, avec lesquels on ne sait faire que la fête, le reste longtemps après la fin de l’université ; et lorsque cela continue après l’âge de 30 ans, c’est plutôt pathétique. Pour ceux qui vivent une passion sexuelle, de telles amitiés fondées sur le plaisir impliquent l’existence du plaisir sexuel. Comme un étudiant me l’a dit, ces arrangements sont si habituels qu’on leur a donné un nom : « amitiés avec bénéfices ». Il est clairement possible de débuter un mariage sur cette base. L’apparente beauté irrésistible d’une femme ou d’un homme a conduit bon nombre de personnes à s’engager dans le mariage. La question est de savoir si une amitié conjugale fondée sur le plaisir est la plus riche des amitiés conjugales. Ben Franklin suggère qu’un mariage heureux doit être fondé sur quelque chose de plus qu’une fixation amoureuse originelle : « Eh bien, ils se sont mariés et ils se sont gavés d’amour. La flamme allumée au début s’est éteinte. Lui découvre en lieu et place de la Déesse qu’il avait imaginé une personne en chair et en os, une fille plutôt vaine, affectée, stupide. Quant à elle, lorsqu’il a rangé son accoutrement théâtral, elle découvre qu’il est un menteur, un coq colérique et vaniteux. Alors, ayant repris leurs esprits, leurs masques tombés à terre, ils se regardent l’un l’autre comme des étrangers, sortis de leur transe ; il découvre par expérience qu’il est tombé amoureux de ses propres idées projetées sur elle, et elle, de sa propre vanité avivée par lui. Emportés par la violence de leur passion, chaleureuse et irrésistible, ils se sentent d’abord vexés et honteux, puis ils se détestent l’un l’autre. » Si nous pensons qu’un tel conseil se limite au 18° siècle, notons pourtant que les chansons populaires actuelles expriment la même anxiété. Lorsque Madonna chante dans « Express yourself » : « Les draps en satin sont très romantiques. Qu’arrive-t-il lorsque tu n’es pas au lit ? ». Même pour les personnes les plus sexuellement actives, « être au lit » ne représente qu’une petite part de la vie d’une personne (nous passons peut-être 30% de notre vie au lit et la majeure partie du temps nous y dormons). L’activité sexuelle représente seulement une fraction du temps où nous sommes éveillés durant notre vie ce qui serait bien insuffisant pour choisir un partenaire sur la base de ce seul critère. Comme nous prenons du plaisir en des choses variées tout au long de notre vie. Ce qui fait les délices de nos dix ans est totalement différent de ce qui nous réjouit à 20 ans et diffère encore des plaisirs que l’on recherche à 30. Ma cinquante-deuxième bière ne me régala certainement pas autant que ma seconde ; et le premier baiser ne peut jamais être répété. Le plaisir corporel recherché pour lui-même se dégrade par lui-même car plus on l’obtient, plus on en veut, et plus on en a besoin. Celui qui est dépendant de la drogue a besoin de plus en plus de drogue, et l’alcoolique de plus en plus d’alcool pour atteindre le même niveau de satisfaction. S’il est vrai que celui qui se regarde se voit mieux en n’essayant pas de se regarder directement mais dans un miroir ; de même il y a davantage de plaisir lorsque le plaisir n’est pas le centre de ce que l’on recherche, mais un tout autre objet. S’il est vrai que rien ne détruit plus vite la jouissance que de demander constamment : « est-ce qu’on va encore jouir ? », de même rien ne détruit le plaisir comme de se concentrer sur lui exclusivement. L’amitié fondée sur le plaisir devient toujours moins agréable que ce qu’on en attendait initialement. Cela nous amène à la troisième sorte d’amitié décrite par Aristote : une amitié fondée sur la vertu, l’excellence du caractère. Les amis selon la vertu nous sont certainement utiles ; ils nous sont aussi très agréables ; mais nous les aimons non pas pour ce qu’ils nous donnent, ou pour ce que ils nous font ressentir, nous les aimons parce qu’ils sont une sorte particulière de personne. Les vertus sont des habitudes bonnes, et les habitudes durent généralement longtemps. Ces dispositions stables rendent possible une maîtrise de soi, aisée et joyeuse, en vue d’un agir bon et juste. A la différence, au moins selon certaines interprétations, de la conception de la volonté bonne chez Kant,la personne qui excelle au plan moral, selon Aristote, prend plaisir et agit librement dans les activités bonnes, et ce serait une souffrance pour elle de s’abstenir ou d’agir autrement. A cause de cela, Aristote pense que l’amitié fondée sur la vertu dure plus longtemps qu’une amitié fondée sur l’utilité ou le plaisir. Quand on décrit ce que sont les vertus, cela apparaît clairement. Parmi les vertus qui touchent le caractère, Aristote cite le courage, la tempérance, la prudence et la justice. Sans ces caractéristiques, il semble difficile sinon impossible d’entretenir une amitié avec quelqu’un. En premier, prenons le courage. Bien qu’il soit spécialement rattaché aux activités militaires, dans un sens plus large, le courage consiste en une attitude de fermeté en vue de poursuivre le bien, et cela en dépit des difficultés. Les amis se défendent même si cela leur coûte personnellement. Ils n’ont pas peur d’affronter les difficultés pour le bien de l’autre. La tempérance, c’est-à-dire la joie des plaisirs corporels en accord avec la raison, semble être aussi requise entre de vrais amis. Par exemple, il serait difficile d’entretenir une amitié avec quelqu’un qui a de très problèmes d’alcool ou de drogue. La prudence, qui est la vertu par laquelle on discerne ce qui est bon et la manière d’atteindre ce qui est bon, contribue également à l’amitié. Si l’on veut avoir une relation avec autrui, on a besoin de partager une conception minimale sur nous-mêmes, sur notre place dans le monde et la manière de procéder face aux préoccupations de chaque jour. Finalement, l’amitié véritable exige des personnes d’exercer la vertu de justice, qui a été quelque fois définie - contre l’avis de Socrate dans la République - comme le fait de rendre à chacun ce qui est dû. Les amis doivent pratiquer la justice l’un envers l’autre, s’ils souhaitent rester amis. Je ne peux pas être l’ami d’une personne qui me vole, qui m’agresse, qui me ment ou m’assassine. Une personne radicalement injuste serait radicalement incapable d’une quelconque amitié. La vertu ou l’excellence du caractère semble durer plus longtemps que l’utilité ou le plaisir. Ainsi, les amitiés selon la vertu paraissent avoir les meilleures chances d’être plus fortes et plus durables. Bien que l’amitié fondée sur la vertu soit également agréable et utile, les amis selon la vertu s’aiment chacun, mais pas à cause de ce que chacun peut obtenir de l’autre. Maintenant, bien qu’Aristote s’interrogeât pour savoir si les hommes et les femmes pouvaient être amis (concluant finalement qu’ils le pouvaient), l’amitié entre personnes qu’ils considéraient comme inégales le troublait. Thomas d’Aquin, ce grand amoureux d’Aristote, aimait la vérité toujours plus et dit cela à propos de l’amitié conjugale dans son grand œuvre la Somme contre les Gentils : « Plus fervente est une amitié, plus elle est solide et durable. Or, il semble que l’amitié la plus grande soit entre mari et femme, puisqu’ils sont unis non seulement en vue de l’union charnelle, qui, même chez les animaux, crée une certaine douceur d’intimité, mais aussi en vue de toute une vie d’intimité familiale. » Sur la base de l’égalité entre mari et femme, Thomas rejette l’ancienne coutume selon laquelle le mari pouvait répudier sa femme, alors que la femme ne pouvait répudier son mari : « S’il était permis au mari d’abandonner son épouse, la société formée du mari et de l’épouse ne serait plus une association entre des êtres égaux, mais au lieu de cela une forme d’esclavage imposée à la femme. » S’il est vrai qu’il peut y avoir des amitiés conjugales fondées sur l’utilité ou le plaisir, de même il y en a qui sont fondées sur la vertu. Mais que se passe-t-il si un ami de la vertu perd sa vertu ? Comme telle la vertu dure plus longtemps que le plaisir ou l’utilité mais on peut aussi la perdre. Aristote considère que si une personne perd la vertu, son ami doit faire tout son possible pour aider cette personne à la retrouver. Si un véritable ami apporte son aide à une personne frappée par une crise cardiaque physique, certainement un véritable ami l’aidera également à se remettre d’une crise cardiaque au plan moral. Si après un long moment, la personne ne retrouve pas les vertus perdues, alors Aristote dit que l’amitié doit s’arrêter. Notons qu’Aristote n’a pas connu la vertu d’espérance selon laquelle, malgré la perte temporaire des vertus, il ne faut jamais fermer la porte à la possibilité pour une personne de retrouver un agir vertueux. D’un point de vue théologique, la grâce divine peut réellement infuser les vertus et supplier à aux manques d’une personne. Le Chrétien déficient au plan naturel des vertus cardinales acquises peut recevoir de Dieu sous mode infus le courage, la tempérance, la prudence et la justice de même que les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. Cette foi fait confiance à Dieu pour soutenir l’homme et la femme à travers les bons et les mauvais moments, cette espérance s’efforce d’atteindre le bonheur malgré les obstacles qui menacent, et cette charité divine, grâce à Dieu également les autres personnes, nous donne les dispositions nécessaires à la vie conjugale. Ces vertus théologales aussi bien que les vertus morales acquises sont renforcées par la grâce sacramentelle du mariage. Nous pourrions alors parler de l’amitié conjugale selon les vertus infuses. Cela nous amène directement à l’Agapè, appelée quelque fois « Charité ». C’est la volonté inconditionnelle de faire ce qui est bon pour l’autre. C’est l’amour de Dieu pour ses créatures, même lorsqu’elles adorent le veau d’or ou toutes sortes de choses accommodées à l’esprit du temps (Zeitgeist). Lorsque saint Jean nous dit que Dieu est amour, il veut signifier que Dieu est Agapè, et non pas Eros ou Philia. Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé son Fils unique pour souffrir et mourir pour nous. C’est dans cet amour que nous avons trouvé notre salut. L’Agapè n’est pas simplement de l’ordre du sentiment ou de l’émotion, mais le service réel d’une autre personne, incluant dans ses caractéristiques mêmes le sacrifice de soi, impliquant toujours le don de soi. Un bon mariage possède ces trois sortes d’amour : Eros, Philia, et Agapè. Mais l’importance de chaque type d’amour est souvent mal compris. L’Eros est le type d’amour qui vient de suite à notre esprit quand nous pensons au mariage ; ensuite peut-être pensons-nous à l’amour-philia, qui est l’amour de camaraderie, et seulement enfin, à l’amour inconditionnel de l’Agapè. Les livres qui traitent du mariage insistent sur la dimension de l’amour érotique, celle de la « passion brûlante », presque sans se soucier de la Philia, et bien sûr sans même mentionner l’Agapè. En réalité, c’est seulement l’amour d’Agapè que l’on se promet dans l’engagement du mariage. On ne promet pas d’être sexuellement attirant ou stimulé par son conjoint. De tels sentiments passionnels ne peuvent pas être contrôlés par un acte de libre choix. Nous n’avons pas de contrôle conscient sur ces mouvements de la sensibilité et nous pouvons donc à peine promettre de les maîtriser. De même que nous pouvons promettre que le temps sera ensoleillé chaque jour de notre mariage, de même nous ne pouvons contrôler directement qui nous trouvons attirant. Nous ne pouvons nous engager en ce sens sur la base de l’amour érotique. L’amour sur lequel on s’engage dans le mariage ne peut pas être non plus l’amour d’amitié. L’amitié implique une bonne volonté mutuelle et une activité partagée. Il faut être deux pour le tango de l’amitié. Dans le mariage, l’homme promet ce que lui, et non pas le couple, fera, et la femme promet ce que elle, et non pas ensemble, fera. Ils ne prononcent pas les veoux suivants : « Nous promettons de nous aimer aussi longtemps que nous vivrons ensemble... » mais chacun individuellement promet : « Moi, (Christopher), je promets de t’aimer toi, Jennifer... » Puisque chacun s’engage individuellement vis-à-vis de l’autre dans le mariage, l’amour promis n’est pas la philia : tu promets d’aimer sans condition, même si l’autre ne te donne pas son amour en retour. L’amour qui est promis dans le mariage, c’est l’agapè. Ce consentement à un amour inconditionnel promis par un homme à une femme, et par une femme à un homme confère le sacrement du mariage. A la différence des autres sacrements, le couple se donne le sacrement l’un à l’autre. De fait, dans le mariage, un couple n’échange pas des biens et des services (amitié selon l’utilité) mais plutôt fait le don de soi-même. En prononçant l’engagement du mariage, le mari exprime verbalement le don de lui-même à sa femme, et la femme fait de même. Ils ratifient plus tard leur engagement d’un amour inconditionnel par l’acte conjugal qui signifie à travers le langage du corps le don inconditionnel de soi exprimé dans un langage verbal dans l’échange des consentements. Dans un langage verbal et dans celui du corps, l’époux fait le don de lui-même à sa femme, et l’épouse fait le don d’elle-même à son mari. Le mariage est fondamentalement une donation réciproque d’un époux à l’autre. Après la ratification de cette relation d’alliance au moyen du langage verbal et corporel, le mari est obligé d’aimer sa femme de manière inconditionnelle et la femme d’aimer son mari de la même manière. En cela, chaque époux agit d’une façon similaire à Dieu qui aime chaque époux inconditionnellement. D’une certaine façon, on pourrait dire que chacun des époux agit in persona Christi en aimant l’autre comme le Christ aime l’Eglise, en toutes circonstances, même jusqu’à la mort. Le mariage rend par conséquent présent l’amour de Dieu de telle sorte que chaque époux, en s’aimant et en recevant l’amour inconditionnel de l’autre, peut commencer à entrevoir de quel amour Dieu les aime. De là, d’une manière active et passive, le mariage est un sacrement, un signe de l’amour de Dieu dans le monde. Les époux sont appelés à imiter Dieu en aimant les autres, en faisant et en choisissant ce qui est bon pour l’autre, même lorsque l’amour n’est pas mérité. Les époux reçoivent l’amour de Dieu lorsqu’ils font l’expérience de l’amour de Dieu en étant aimé de manière inconditionnelle. L’amour desépoux l’un pour l’autre,à la fois en tant qu’il est donné et reçu, est une image de Dieu pour ceux qui voient cette relation, la famille, les amis, les connaissances, et spécialement les enfants. Après avoir décrit la nature de l’amour conjugal, comment se développe-t-il ? Le développement de l’amour conjugal se réalise au plan surnaturel et naturel. A travers le sacrement du mariage, Dieu donne au couple la grâce et les vertus infuses dont il a besoin pour que les choses aillent bien. Plus le couple grandit spirituellement au plan individuel, plus il grandit également en tant que couple. Développer la vie intérieure, dans la prière personnelle autant que dans la prière commune, approfondit l’amour conjugal. Une vie sacramentelle de prière, l’eucharistie, et la confession fréquente renforce les vertus surnaturelles autant que l’amour conjugal reçu dans le sacrement de mariage. Qu’en est-il du développement de l’amour conjugal au point de vue philosophique ? Le temps et les activités partagés renforce une amitié, et ainsi une amitié conjugale fondée sur la vertu aura les conditions nécessaires pour réaliser la meilleure sorte d’amitié. A travers l’acte sexuel, le Seigneur permet souvent d’établir un lien profond pour le couple qui les ouvre à une croissance plus grande, au plan des vertus naturelles également. Particulièrement, comme Aristote le reconnaissait, la procréation et l’éducation des enfants peut établir un lien profond entre le mari et son épouse. La procréation des enfants est une activité partagée et agréable, que l’on vit exclusivement l’un avec l’autre. Chaque enfant est le témoignage unique de l’union et de l’activité qui existe entre un homme et une femme. L’éducation des enfants peut être une autre source d’activité partagée durant toute une vie. Pas seulement la procréation mais aussi l’éducation des enfants développe l’amitié conjugale fondée sur la vertu. Une vertu se développe à travers des actes répétés. Pour devenir juste, il faut répéter des actes bons, de même que, pour devenir un excellent pianiste, on doit s’entraîner inlassablement. Dans son livre Convenanted Happiness, Cormac Burke signale que les enfants de réaliser des sacrifices que les époux sont incapables d’accomplir l’un pour l’autre. Ces sacrifices offrent aux époux l’opportunité de devenir des personnes meilleures, de développer les vertus de justice, de tempérance, de courage, de prudence, et peut-être par-dessus tout la patience. De tels développements arrivent naturellement dans la vie de famille. Sans un moment d’hésitation, ma femme Jennifer allaitera notre nouveau-né George lorsqu’il pleurera toutes les trois heures, même la nuit, et cela pendant des mois. Maintenant si je devais réveiller Jennifer pour des activités similaires toutes les trois heures, même de nuit, pendant des mois, je suppose que sa réponse serait remarquablement différente. De même, notre garçon William, âgé de presque trois ans, maîtrise le pot à l’exception de la dernière étape qui consiste à s’essuyer tout seul. Ainsi, à chaque fois, il attrape ses chevilles, relève ses fesses, et appelle papa pour qu’il vienne l’essuyer. Sauf en cas de maladies sérieuses, les époux ne demandent à personne d’autre de faire cela. Il est clair que les enfants peuvent susciter des sacrifices que les époux ne pourraient pas, ne voudraient pas vivre, mais ces situations fournissent l’occasion pour leur amour de grandir en vertu. L’amour montré par un des époux aux enfants est inévitablement remarqué par l’autre époux. Cela a deux effets. Premièrement, cela démontre la bonne volonté et la croissance du caractère de celui prend soin des enfants. C’est là un signe que les époux ont un but commun et projet commun. Une telle attention crée non seulement des liens entre les parents et les enfants mais aussi entre le mari et la femme. Mari et femme voient l’engagement de chacun dans cette activité unique qu’ils partagent, la procréation et l’éducation des enfants. Cette activité partagée renforce et développe une amitié fondée sur l’excellence morale. Deuxièmement, il y a un changement intérieur chez la personne qui donne les soins, de telle sorte qu’elle est rendue meilleure. La mère, qui allaite l’enfant la nuit, ou le père, qui change son petit, développent les vertus au-delà du temps en répétant chaque jour ces mêmes gestes, ces actes monotones et vertueux. Bien qu’ils soient encouragés par l’affection naturelle des parents pour leurs enfants, néanmoins les efforts consentis à travers des actes d’amour continuels peuvent faire d’une personne égoïste un être généreux. Cette transformation du fait des exigences de l’amour fait de chacun des époux un être plus vertueux et plus aimant. Plus les époux deviennent vertueux, plus leur amitié fondée sur la vertu se renforce. C’est en partie de cette façon que les époux travaillent à leur salut. Comment le Christ sépare-t-il ceux qui sont sauvés de ceux qui sont damnés, selon l’Evangile de Matthieu ? « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais nu et vous m’avez vêtu... » C’est ce service que les parents rendent à leurs jeunes enfants quotidiennement et souvent celui que l’un des époux rend à l’autre au moment de la maladie ou de la vieillesse. De tels actes répétés de dévouement envers sa famille peuvent être étendus à la famille humaine en général. Le pape Jean-Paul II a dit que la civilisation passe par le chemin de la famille. Notre salut passe aussi souvent par cette route. Le mariage est de fait un chemin sacramentel pour travailler à son salut en développant les vertus et en devenant toujours ressemblant à Dieu par un amour donné mors des bons moments comme aux temps difficiles, dans la santé et la maladie jusqu’à ce que la mort nous sépare, heure à laquelle, Dieu voulant, nous nous joindrons plus parfaitement à la famille céleste.
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    cristobaiseur
    Jeudi 4 Août 2005 à 14:46
    amour fidele
    Je tâ??aimerai aussi longtemps que nous vivrons tous les deux. » La fiancée répète les mêmes promesses. Il sâ??agit souvent des seuls serments publics que font les gens au cours de leur vie. Quâ??est-ce que lâ??homme et la femme se promettent exactement dans le mariage ? Quel est le sens de lâ??engagement conjugal et quelle sorte dâ??amour la fiancée et le fiancé ont-ils promis de partager ? Je me demande parfois si les intentions et la manière dont se déroule nombre de mariage aujourdâ??hui ne seraient pas mieux reflétés par les promesses suivantes : « Je te choisis pour être mon épouse dans les bons moments mais pas les mauvais, pour la richesse mais pas la pauvreté, jusquâ??à plus ample information. » Certaines personnes remplacent réellement « aussi longtemps que nous vivrons » par « aussi longtemps que nous nous aimerons ». Pourtant, presque tout le monde prononce le vÅ?u traditionnel ou une formule similaire, et presque tout le monde a au moins le désir de vivre selon cette promesse. On doit comprendre ce quâ??on a promis pour pouvoir vivre selon ce quâ??on a promis. Les époux promettent de sâ??aimer lâ??un lâ??autre. Mais en prononçant un tel vÅ?u, que promettent-ils exactement ? Les Grecs utilisaient trois mots différents que nous pouvons traduire par le mot « Amour ». Ces trois mots sont : Eros, Philia, et Agapé. Quelle différence y a-t-il entre eux ? Lâ??Eros est lâ??amour qui surgit de lâ??instinct sexuel basique, tel que le décrit Shakespeare dans Roméo et Juliette. Lâ??Eros est intense, passionné, et profondément sexuel. Il peut débuter avec un regard et peut être entièrement consumé en bien moins que neuf semaines et demie. Le Banquet de Platon traite le sujet à travers un dialogue au cours duquel chaque personne, lors dâ??un souper, sâ??efforce de donner un discours faisant lâ??éloge de lâ??amour. Le discours le plus mémorable est peut-être celui dâ??Aristophane, lâ??auteur des comédies. Originellement, dit-il, il y avait trois genres sexuels, le premier purement masculin, le second purement féminin, et le troisième consistait dans une créature à moitié mâle, à moitié femelle. Ces êtres se révoltèrent contre les dieux. Pour les punir, afin de les affaiblir et de les désorganiser les créatures, ces créatures furent coupées en deux. Le résultat fut lâ??accroissement du désir sexuel de ces trois sortes dâ??être. Les créatures originellement mâles/mâles ou femelles/femelles, une fois séparées, furent saisies par la nostalgie de leur moitié masculine pour les mâles ou de leur moitié féminine pour les femelles exaltée dans un amour érotique homosexuel. Quant à la créature composée mâle et femelle, la partie féminine recherchait la partie masculine, et réciproquement. De là surgit lâ??amour érotique hétérosexuel. Presque tous les Grecs anciens défendent lâ??Amour (Eros) homosexuel masculin. Aristophane, tel quâ??il est décrit par Platon, suggère que, puisque le principe masculin est supérieur, lâ??amour érotique masculin / masculin est supérieur à lâ??amour hétérosexuel, lâ??amour érotique entre hommes et femmes étant inférieur, et lâ??amour érotique entre deux femmes le plus inférieur entre tous. Peut-être que lâ??étrangeté de lâ??histoire dâ??Aristophane est supposée, par elle-même, jeter le doute sur cette opinion, mais il y a une profonde vérité qui peut être retirée de son récit. Martha Nussbaum, dans son livre The Fragility of Goodness (1986) note que cette vérité est à la fois complètement sérieuse et complètement comique. « Lorsque nous entendons le mythe dâ??Aristophane sur cette recherche passionnée, nous sommes conduits à penser combien il est curieux, après tout, que les corps doivent avoir ces trous et ces membres en eux, et comme il est curieux également que lâ??insertion dâ??un membre dans un trou doive être pensée, par des êtres ambitieux et intelligents, comme un sujet des plus importants » (172). « Vu de lâ??extérieur, nous ne pouvons pas nous empêcher de rire - des créatures tournant partout anxieusement pour essayer dâ??enfoncer un morceau dâ??eux-mêmes à lâ??intérieur dâ??un trou ; ou peut-être encore plus comique, des créatures qui attendent dans lâ??espoir que quelque trou en eux puisse être comblé. » (173) Il est également important de noter combien lâ??explication de lâ??eros que donne Aristophane est différente du récit dâ??Adam et Eve dans le livre de la Genèse. Selon Aristophane, lâ??eros se présente comme une punition divine à la suite dâ??un mauvais comportement. Dans la Genèse, lâ??eros entre Adam et Eve est une part du projet divin depuis le commencement, et donc aucunement lié à une punition. Rien ne satisfait le désir érotique dâ??Adam jusquâ??à la création dâ??Eve. A la suite de la chute, cette relation est ternie et Adam, qui a échoué à être là où il aurait du être lors de la confrontation dâ??Eve avec le serpent démoniaque, blâme celle-ci pour leur situation. Les relations conjugales deviennent conflictuelles pour la première fois. Mais selon le texte biblique, lâ??amour de lâ??homme et de la femme est une part de la bénédiction originelle sur la création, une bénédiction originelle abîmée mais non pas supprimée par le péché originel. Dans le mariage, lâ??eros est un élément important. Ce qui est profond appelle ce qui est profond, et deux personnes aspirent à nâ??être quâ??une, et ils ne ressentent un certain sentiment de complétude que dans cette unité. Aujourdâ??hui, pourtant lâ??importance de lâ??Eros dans le mariage est rarement sous-estimée et même souvent surestimée. Cela peut sembler choquant mais nous espérons clarifier cela en précisant la seconde sorte dâ??amour : lâ??amitié. La Philia est une sorte dâ??amour peut-être moins familière aux esprits modernes, parce que, dans la culture moderne, lâ??amitié tend à être sous-appréciée peut-être simplement parce quâ??elle est sous-expérimentée. Nous avons tendance à avoir beaucoup de connaissances et peu dâ??amis. Combien parmi nous ont la chance de vivre avec des amis une relation telle quâ??Augustin dâ??Hippone la décrit : « Toutes sortes de choses réjouissent mon âme en leur présence - parler, rire, et faire chaque chose avec bienveillance et bonté ; lire en commun de bons livres, passer des plaisanteries légères aux discussions les plus profondes, et revenir aux premières ; être parfois en désaccord sans manifester de rancÅ?ur, comme on en a parfois avec soi-même, et quand plus rarement une dissension surgit, quâ??elle donne plus de goût à une unanimité presque constante ; sâ??enseigner lâ??un lâ??autre ou apprendre lâ??un de lâ??autre ; (...) tous ces signes qui, jaillisssant du coeur de ceux qui sâ??aiment, se manifestent par lâ??expression du visage, la voix, les yeux, et un millier dâ??autres manières agréables opèrant la fusion des âmes qui, de plusieurs, en viennent à nâ??en plus former quâ??une seule. » Lâ??amour conjugal est grandement diminué sans cette sorte dâ??amour fraternel. Dans le film When Harry met Sally (Quand Harry rencontra Sally), Billy Cristal remarque que les hommes et les femmes ne peuvent jamais être des amis car la « chose sexuelle » se met toujours sur leur chemin. Dans son livre Les quatre amours, C. S. Lewis suggérait avec plus de précision que les hommes et les femmes peuvent être amis sous certaines conditions. « Quand deux personnes, qui découvrent quâ??elles sont le chemin du même secret, sont de sexes différents, lâ??amitié qui naît entre elles ira aisément - peut-être dans la première demie-heure - vers lâ??amour érotique. En effet, à moins quâ??elles nâ??éprouvent une répulsion physique lâ??une à lâ??égard de lâ??autre, ou encore que lâ??un ou les deux soient déjà amoureux par ailleurs, il est presque certain que cela arrivera tôt ou tard. Et inversement, lâ??amour érotique peut conduire à lâ??amitié entre les deux amants. » Nous aimerions débattre avec Lewis : mais il manque quelque chose au caractère de lâ??amitié homme-femme lorsque celle-ci existe entre deux personnes qui ne peuvent pas générer un nouvel être humain.. Pourtant, il serait sage de parler de la nature de lâ??amitié en général avant dâ??aborder la question de lâ??amitié entre les sexes ou entre maris et femmes. Lâ??Ethique à Nicomaque dâ??Aristote offre peut-être la réflexion la plus célèbre et la plus détaillée jamais écrite sur lâ??amitié. Câ??est certainement celle qui a eu le plus dâ??influence. Aristote suggère que lâ??amitié implique une bonne volonté mutuelle, une activité en commun, et un amour pour lâ??autre. Nous ne pouvons pas être amis avec quelquâ??un qui nâ??éprouve pas une amitié réciproque. Aussi amical puissions-nous être avec une autre personne, si elle nâ??a pas dâ??amitié en retour, nous ne sommes pas des amis. Lâ??amitié est comme une rue à double-sens. De même, les amis nâ??éprouvent pas seulement de la bonne volonté envers une autre personne comme des voyageurs se souhaiteraient du bien lâ??un à lâ??autre. La véritable amitié semble inclure une sorte dâ??activité commune, que ce soit faire une excursion dans les Alpes, faire des courses, ou regarder à la télévision un match de football. Il y a trois choses, semble-t-il, que les êtres humains trouvent particulièrement aimables. Nommément, ce qui est utile, ce qui est agréable, et ce qui est bon en soi. De là, Aristote conclut quâ??il doit y avoir trois sortes dâ??amitié : lâ??amitié fondée sur lâ??utilité, celle fondée sur le plaisir, et enfin lâ??amitié fondée sur lâ??excellence personnelle, quâ??il appelle « vertu ». Jâ??ai un souvenir très vivant de ma première expérience dâ??une amitié fondée sur lâ??utilité. Jâ??étais lâ??un des élèves les plus âgés de ma classe et donc jâ??ai pu passer mon permis de conduire avant presque tous mes camardes, pour la plupart plus jeunes. Si vous saviez comme jâ??étais célèbre alors. Le téléphone sonnait week-end après week-end : mes amis appelaient car ils avaient tous de formidables idées sur la manière de passer le temps. Nous passions chaque week-end ensemble. Etrangement, lâ??année suivante, le téléphone ne sonna plus. Mes « amis » ayant dépassé les seize ans, moi (et ma voiture) nâ??étions plus indispensables. Un ami dâ??utilité est donc une personne qui a de lâ??amour pour une autre, non pas tant à cause de ce que cette personne est, mais plutôt pour ce que cette personne peut faire pour lui. De la sorte, ce qui est utile change fréquemment, et les amitiés dâ??utilité durent aussi longtemps quâ??une partie est utile est lâ??autre - par exemple acheter des bières, aider à faire des devoirs, faire du vélo à travers la ville. Ces amitiés sont plus enclins aux désaccords parce que, à leur base même, elles sont fondées sur un arrangement mais sans contrat formel. Chacun peut craindre de donner trop et de recevoir trop peu. Maintenant, semble-t-il, il peut y avoir des amitiés conjugales dâ??utilité. On peut penser au top modèle Anna Nicole Smith âgée de 26 ans et à son mari milliardaire de 89 ans, le pétrolier texan J. Howard Marshall. Elle recevra 450 millions de dollars après sa mort ; quant à lui, il a à sa disposition une femme dont il peut exhiber fièrement la beauté comme un trophée. Il y a fréquemment des exemples sans doute moins flagrants malgré la maxime selon laquelle celui ou celle qui se marrie pour de lâ??argent doit en gagner chaque centime. Pourtant, une amitié conjugale dâ??utilité a besoin non pas dâ??être grossière mais plus simplement économique. Considérons une femme à la trentaine bien avancée et un homme célibataire au même âge avec de fréquentes aventures. Des personnes dans cette situation peuvent épouser quelquâ??un avec lequel elle nâ??aurait jamais envisagé une telle chose 10 ou 5 ans plus tôt. Dans les affaires et les amitiés dâ??utilité, il est préférable de sâ??arranger en vue de quelque choses plutôt que pour rien. Une amitié conjugale dâ??utilité est une sorte dâ??affaire dans laquelle chaque partenaire négocie le partage le plus juste des ressources et sâ??entend sur le fardeau le plus léger à porter. Ce sera du 50 / 50, ou rien du tout. Une autre sorte dâ??amitié décrite par Aristote est lâ??amitié fondée sur le plaisir, une autre sorte de bien que les gens aiment trouver chez les autres. Il dit que cette sorte dâ??amitié est commune parmi les jeunes. Ici nous pouvons énumérer les amis avec lesquels on aime aller boire, avec lesquels on aime passer les bons moments mais jamais les mauvais. Plaisanter, rêver, passer du bon temps, voilà ce qui rassemble les amis pour le plaisir. De tels amis ont des visages brillants et bien propres et sont appréciés tout autour dâ??eux. Ces amitiés semblent plus stables que les amitiés fondées sur lâ??utilité, puisque ces dernières finissent souvent par des conflits - comme cela arrive fréquemment quand les affaires se font sans un contrat explicite. Comme Aristote lâ??a noté, se sentir méprisé ou traité injustement est assez commun dans une amitié dâ??utilité, alors que se mettre en colère avec quelquâ??un qui nâ??a pas réussi à vous donner du plaisir est ridicule. « Vos plaisanteries ne font plus rire. Quel est le problème ? » « Hô, tu as une vilaine poussée dâ??acné. Jâ??en avais justement marre de cela. » Bien quâ??elles soient habituellement plus stables que les amitiés dâ??utilité, celles fondées sur le plaisir peuvent bien sûr sâ??arrêter lorsque se tarit la source de plaisir. Ce qui nous donne du plaisir ne semble pas être ce qui dure le plus longtemps. Câ??est super de regarder un spectacle à la télé, mais si vous deviez regarder encore et encore le même spectacle, cela finirait par vous lasser. Il est rare que les amis, avec lesquels on ne sait faire que la fête, le reste longtemps après la fin de lâ??université ; et lorsque cela continue après lâ??âge de 30 ans, câ??est plutôt pathétique. Pour ceux qui vivent une passion sexuelle, de telles amitiés fondées sur le plaisir impliquent lâ??existence du plaisir sexuel. Comme un étudiant me lâ??a dit, ces arrangements sont si habituels quâ??on leur a donné un nom : « amitiés avec bénéfices ». Il est clairement possible de débuter un mariage sur cette base. Lâ??apparente beauté irrésistible dâ??une femme ou dâ??un homme a conduit bon nombre de personnes à sâ??engager dans le mariage. La question est de savoir si une amitié conjugale fondée sur le plaisir est la plus riche des amitiés conjugales. Ben Franklin suggère quâ??un mariage heureux doit être fondé sur quelque chose de plus quâ??une fixation amoureuse originelle : « Eh bien, ils se sont mariés et ils se sont gavés dâ??amour. La flamme allumée au début sâ??est éteinte. Lui découvre en lieu et place de la Déesse quâ??il avait imaginé une personne en chair et en os, une fille plutôt vaine, affectée, stupide. Quant à elle, lorsquâ??il a rangé son accoutrement théâtral, elle découvre quâ??il est un menteur, un coq colérique et vaniteux. Alors, ayant repris leurs esprits, leurs masques tombés à terre, ils se regardent lâ??un lâ??autre comme des étrangers, sortis de leur transe ; il découvre par expérience quâ??il est tombé amoureux de ses propres idées projetées sur elle, et elle, de sa propre vanité avivée par lui. Emportés par la violence de leur passion, chaleureuse et irrésistible, ils se sentent dâ??abord vexés et honteux, puis ils se détestent lâ??un lâ??autre. » Si nous pensons quâ??un tel conseil se limite au 18° siècle, notons pourtant que les chansons populaires actuelles expriment la même anxiété. Lorsque Madonna chante dans « Express yourself » : « Les draps en satin sont très romantiques. Quâ??arrive-t-il lorsque tu nâ??es pas au lit ? ». Même pour les personnes les plus sexuellement actives, « être au lit » ne représente quâ??une petite part de la vie dâ??une personne (nous passons peut-être 30% de notre vie au lit et la majeure partie du temps nous y dormons). Lâ??activité sexuelle représente seulement une fraction du temps où nous sommes éveillés durant notre vie ce qui serait bien insuffisant pour choisir un partenaire sur la base de ce seul critère. Comme nous prenons du plaisir en des choses variées tout au long de notre vie. Ce qui fait les délices de nos dix ans est totalement différent de ce qui nous réjouit à 20 ans et diffère encore des plaisirs que lâ??on recherche à 30. Ma cinquante-deuxième bière ne me régala certainement pas autant que ma seconde ; et le premier baiser ne peut jamais être répété. Le plaisir corporel recherché pour lui-même se dégrade par lui-même car plus on lâ??obtient, plus on en veut, et plus on en a besoin. Celui qui est dépendant de la drogue a besoin de plus en plus de drogue, et lâ??alcoolique de plus en plus dâ??alcool pour atteindre le même niveau de satisfaction. Sâ??il est vrai que celui qui se regarde se voit mieux en nâ??essayant pas de se regarder directement mais dans un miroir ; de même il y a davantage de plaisir lorsque le plaisir nâ??est pas le centre de ce que lâ??on recherche, mais un tout autre objet. Sâ??il est vrai que rien ne détruit plus vite la jouissance que de demander constamment : « est-ce quâ??on va encore jouir ? », de même rien ne détruit le plaisir comme de se concentrer sur lui exclusivement. Lâ??amitié fondée sur le plaisir devient toujours moins agréable que ce quâ??on en attendait initialement. Cela nous amène à la troisième sorte dâ??amitié décrite par Aristote : une amitié fondée sur la vertu, lâ??excellence du caractère. Les amis selon la vertu nous sont certainement utiles ; ils nous sont aussi très agréables ; mais nous les aimons non pas pour ce quâ??ils nous donnent, ou pour ce que ils nous font ressentir, nous les aimons parce quâ??ils sont une sorte particulière de personne. Les vertus sont des habitudes bonnes, et les habitudes durent généralement longtemps. Ces dispositions stables rendent possible une maîtrise de soi, aisée et joyeuse, en vue dâ??un agir bon et juste. A la différence, au moins selon certaines interprétations, de la conception de la volonté bonne chez Kant,la personne qui excelle au plan moral, selon Aristote, prend plaisir et agit librement dans les activités bonnes, et ce serait une souffrance pour elle de sâ??abstenir ou dâ??agir autrement. A cause de cela, Aristote pense que lâ??amitié fondée sur la vertu dure plus longtemps quâ??une amitié fondée sur lâ??utilité ou le plaisir. Quand on décrit ce que sont les vertus, cela apparaît clairement. Parmi les vertus qui touchent le caractère, Aristote cite le courage, la tempérance, la prudence et la justice. Sans ces caractéristiques, il semble difficile sinon impossible dâ??entretenir une amitié avec quelquâ??un. En premier, prenons le courage. Bien quâ??il soit spécialement rattaché aux activités militaires, dans un sens plus large, le courage consiste en une attitude de fermeté en vue de poursuivre le bien, et cela en dépit des difficultés. Les amis se défendent même si cela leur coûte personnellement. Ils nâ??ont pas peur dâ??affronter les difficultés pour le bien de lâ??autre. La tempérance, câ??est-à-dire la joie des plaisirs corporels en accord avec la raison, semble être aussi requise entre de vrais amis. Par exemple, il serait difficile dâ??entretenir une amitié avec quelquâ??un qui a de très problèmes dâ??alcool ou de drogue. La prudence, qui est la vertu par laquelle on discerne ce qui est bon et la manière dâ??atteindre ce qui est bon, contribue également à lâ??amitié. Si lâ??on veut avoir une relation avec autrui, on a besoin de partager une conception minimale sur nous-mêmes, sur notre place dans le monde et la manière de procéder face aux préoccupations de chaque jour. Finalement, lâ??amitié véritable exige des personnes dâ??exercer la vertu de justice, qui a été quelque fois définie - contre lâ??avis de Socrate dans la République - comme le fait de rendre à chacun ce qui est dû. Les amis doivent pratiquer la justice lâ??un envers lâ??autre, sâ??ils souhaitent rester amis. Je ne peux pas être lâ??ami dâ??une personne qui me vole, qui mâ??agresse, qui me ment ou mâ??assassine. Une personne radicalement injuste serait radicalement incapable dâ??une quelconque amitié. La vertu ou lâ??excellence du caractère semble durer plus longtemps que lâ??utilité ou le plaisir. Ainsi, les amitiés selon la vertu paraissent avoir les meilleures chances dâ??être plus fortes et plus durables. Bien que lâ??amitié fondée sur la vertu soit également agréable et utile, les amis selon la vertu sâ??aiment chacun, mais pas à cause de ce que chacun peut obtenir de lâ??autre. Maintenant, bien quâ??Aristote sâ??interrogeât pour savoir si les hommes et les femmes pouvaient être amis (concluant finalement quâ??ils le pouvaient), lâ??amitié entre personnes quâ??ils considéraient comme inégales le troublait. Thomas dâ??Aquin, ce grand amoureux dâ??Aristote, aimait la vérité toujours plus et dit cela à propos de lâ??amitié conjugale dans son grand Å?uvre la Somme contre les Gentils : « Plus fervente est une amitié, plus elle est solide et durable. Or, il semble que lâ??amitié la plus grande soit entre mari et femme, puisquâ??ils sont unis non seulement en vue de lâ??union charnelle, qui, même chez les animaux, crée une certaine douceur dâ??intimité, mais aussi en vue de toute une vie dâ??intimité familiale. » Sur la base de lâ??égalité entre mari et femme, Thomas rejette lâ??ancienne coutume selon laquelle le mari pouvait répudier sa femme, alors que la femme ne pouvait répudier son mari : « Sâ??il était permis au mari dâ??abandonner son épouse, la société formée du mari et de lâ??épouse ne serait plus une association entre des êtres égaux, mais au lieu de cela une forme dâ??esclavage imposée à la femme. » Sâ??il est vrai quâ??il peut y avoir des amitiés conjugales fondées sur lâ??utilité ou le plaisir, de même il y en a qui sont fondées sur la vertu. Mais que se passe-t-il si un ami de la vertu perd sa vertu ? Comme telle la vertu dure plus longtemps que le plaisir ou lâ??utilité mais on peut aussi la perdre. Aristote considère que si une personne perd la vertu, son ami doit faire tout son possible pour aider cette personne à la retrouver. Si un véritable ami apporte son aide à une personne frappée par une crise cardiaque physique, certainement un véritable ami lâ??aidera également à se remettre dâ??une crise cardiaque au plan moral. Si après un long moment, la personne ne retrouve pas les vertus perdues, alors Aristote dit que lâ??amitié doit sâ??arrêter. Notons quâ??Aristote nâ??a pas connu la vertu dâ??espérance selon laquelle, malgré la perte temporaire des vertus, il ne faut jamais fermer la porte à la possibilité pour une personne de retrouver un agir vertueux. Dâ??un point de vue théologique, la grâce divine peut réellement infuser les vertus et supplier à aux manques dâ??une personne. Le Chrétien déficient au plan naturel des vertus cardinales acquises peut recevoir de Dieu sous mode infus le courage, la tempérance, la prudence et la justice de même que les vertus théologales de foi, dâ??espérance et de charité. Cette foi fait confiance à Dieu pour soutenir lâ??homme et la femme à travers les bons et les mauvais moments, cette espérance sâ??efforce dâ??atteindre le bonheur malgré les obstacles qui menacent, et cette charité divine, grâce à Dieu également les autres personnes, nous donne les dispositions nécessaires à la vie conjugale. Ces vertus théologales aussi bien que les vertus morales acquises sont renforcées par la grâce sacramentelle du mariage. Nous pourrions alors parler de lâ??amitié conjugale selon les vertus infuses. Cela nous amène directement à lâ??Agapè, appelée quelque fois « Charité ». Câ??est la volonté inconditionnelle de faire ce qui est bon pour lâ??autre. Câ??est lâ??amour de Dieu pour ses créatures, même lorsquâ??elles adorent le veau dâ??or ou toutes sortes de choses accommodées à lâ??esprit du temps (Zeitgeist). Lorsque saint Jean nous dit que Dieu est amour, il veut signifier que Dieu est Agapè, et non pas Eros ou Philia. Dieu a tellement aimé le monde quâ??Il a envoyé son Fils unique pour souffrir et mourir pour nous. Câ??est dans cet amour que nous avons trouvé notre salut. Lâ??Agapè nâ??est pas simplement de lâ??ordre du sentiment ou de lâ??émotion, mais le service réel dâ??une autre personne, incluant dans ses caractéristiques mêmes le sacrifice de soi, impliquant toujours le don de soi. Un bon mariage possède ces trois sortes dâ??amour : Eros, Philia, et Agapè. Mais lâ??importance de chaque type dâ??amour est souvent mal compris. Lâ??Eros est le type dâ??amour qui vient de suite à notre esprit quand nous pensons au mariage ; ensuite peut-être pensons-nous à lâ??amour-philia, qui est lâ??amour de camaraderie, et seulement enfin, à lâ??amour inconditionnel de lâ??Agapè. Les livres qui traitent du mariage insistent sur la dimension de lâ??amour érotique, celle de la « passion brûlante », presque sans se soucier de la Philia, et bien sûr sans même mentionner lâ??Agapè. En réalité, câ??est seulement lâ??amour dâ??Agapè que lâ??on se promet dans lâ??engagement du mariage. On ne promet pas dâ??être sexuellement attirant ou stimulé par son conjoint. De tels sentiments passionnels ne peuvent pas être contrôlés par un acte de libre choix. Nous nâ??avons pas de contrôle conscient sur ces mouvements de la sensibilité et nous pouvons donc à peine promettre de les maîtriser. De même que nous pouvons promettre que le temps sera ensoleillé chaque jour de notre mariage, de même nous ne pouvons contrôler directement qui nous trouvons attirant. Nous ne pouvons nous engager en ce sens sur la base de lâ??amour érotique. Lâ??amour sur lequel on sâ??engage dans le mariage ne peut pas être non plus lâ??amour dâ??amitié. Lâ??amitié implique une bonne volonté mutuelle et une activité partagée. Il faut être deux pour le tango de lâ??amitié. Dans le mariage, lâ??homme promet ce que lui, et non pas le couple, fera, et la femme promet ce que elle, et non pas ensemble, fera. Ils ne prononcent pas les veoux suivants : « Nous promettons de nous aimer aussi longtemps que nous vivrons ensemble... » mais chacun individuellement promet : « Moi, (Christopher), je promets de tâ??aimer toi, Jennifer... » Puisque chacun sâ??engage individuellement vis-à-vis de lâ??autre dans le mariage, lâ??amour promis nâ??est pas la philia : tu promets dâ??aimer sans condition, même si lâ??autre ne te donne pas son amour en retour. Lâ??amour qui est promis dans le mariage, câ??est lâ??agapè. Ce consentement à un amour inconditionnel promis par un homme à une femme, et par une femme à un homme confère le sacrement du mariage. A la différence des autres sacrements, le couple se donne le sacrement lâ??un à lâ??autre. De fait, dans le mariage, un couple nâ??échange pas des biens et des services (amitié selon lâ??utilité) mais plutôt fait le don de soi-même. En prononçant lâ??engagement du mariage, le mari exprime verbalement le don de lui-même à sa femme, et la femme fait de même. Ils ratifient plus tard leur engagement dâ??un amour inconditionnel par lâ??acte conjugal qui signifie à travers le langage du corps le don inconditionnel de soi exprimé dans un langage verbal dans lâ??échange des consentements. Dans un langage verbal et dans celui du corps, lâ??époux fait le don de lui-même à sa femme, et lâ??épouse fait le don dâ??elle-même à son mari. Le mariage est fondamentalement une donation réciproque dâ??un époux à lâ??autre. Après la ratification de cette relation dâ??alliance au moyen du langage verbal et corporel, le mari est obligé dâ??aimer sa femme de manière inconditionnelle et la femme dâ??aimer son mari de la même manière. En cela, chaque époux agit dâ??une façon similaire à Dieu qui aime chaque époux inconditionnellement. Dâ??une certaine façon, on pourrait dire que chacun des époux agit in persona Christi en aimant lâ??autre comme le Christ aime lâ??Eglise, en toutes circonstances, même jusquâ??à la mort. Le mariage rend par conséquent présent lâ??amour de Dieu de telle sorte que chaque époux, en sâ??aimant et en recevant lâ??amour inconditionnel de lâ??autre, peut commencer à entrevoir de quel amour Dieu les aime. De là, dâ??une manière active et passive, le mariage est un sacrement, un signe de lâ??amour de Dieu dans le monde. Les époux sont appelés à imiter Dieu en aimant les autres, en faisant et en choisissant ce qui est bon pour lâ??autre, même lorsque lâ??amour nâ??est pas mérité. Les époux reçoivent lâ??amour de Dieu lorsquâ??ils font lâ??expérience de lâ??amour de Dieu en étant aimé de manière inconditionnelle. Lâ??amour desépoux lâ??un pour lâ??autre,à la fois en tant quâ??il est donné et reçu, est une image de Dieu pour ceux qui voient cette relation, la famille, les amis, les connaissances, et spécialement les enfants. Après avoir décrit la nature de lâ??amour conjugal, comment se développe-t-il ? Le développement de lâ??amour conjugal se réalise au plan surnaturel et naturel. A travers le sacrement du mariage, Dieu donne au couple la grâce et les vertus infuses dont il a besoin pour que les choses aillent bien. Plus le couple grandit spirituellement au plan individuel, plus il grandit également en tant que couple. Développer la vie intérieure, dans la prière personnelle autant que dans la prière commune, approfondit lâ??amour conjugal. Une vie sacramentelle de prière, lâ??eucharistie, et la confession fréquente renforce les vertus surnaturelles autant que lâ??amour conjugal reçu dans le sacrement de mariage. Quâ??en est-il du développement de lâ??amour conjugal au point de vue philosophique ? Le temps et les activités partagés renforce une amitié, et ainsi une amitié conjugale fondée sur la vertu aura les conditions nécessaires pour réaliser la meilleure sorte dâ??amitié. A travers lâ??acte sexuel, le Seigneur permet souvent dâ??établir un lien profond pour le couple qui les ouvre à une croissance plus grande, au plan des vertus naturelles également. Particulièrement, comme Aristote le reconnaissait, la procréation et lâ??éducation des enfants peut établir un lien profond entre le mari et son épouse. La procréation des enfants est une activité partagée et agréable, que lâ??on vit exclusivement lâ??un avec lâ??autre. Chaque enfant est le témoignage unique de lâ??union et de lâ??activité qui existe entre un homme et une femme. Lâ??éducation des enfants peut être une autre source dâ??activité partagée durant toute une vie. Pas seulement la procréation mais aussi lâ??éducation des enfants développe lâ??amitié conjugale fondée sur la vertu. Une vertu se développe à travers des actes répétés. Pour devenir juste, il faut répéter des actes bons, de même que, pour devenir un excellent pianiste, on doit sâ??entraîner inlassablement. Dans son livre Convenanted Happiness, Cormac Burke signale que les enfants de réaliser des sacrifices que les époux sont incapables dâ??accomplir lâ??un pour lâ??autre. Ces sacrifices offrent aux époux lâ??opportunité de devenir des personnes meilleures, de développer les vertus de justice, de tempérance, de courage, de prudence, et peut-être par-dessus tout la patience. De tels développements arrivent naturellement dans la vie de famille. Sans un moment dâ??hésitation, ma femme Jennifer allaitera notre nouveau-né George lorsquâ??il pleurera toutes les trois heures, même la nuit, et cela pendant des mois. Maintenant si je devais réveiller Jennifer pour des activités similaires toutes les trois heures, même de nuit, pendant des mois, je suppose que sa réponse serait remarquablement différente. De même, notre garçon William, âgé de presque trois ans, maîtrise le pot à lâ??exception de la dernière étape qui consiste à sâ??essuyer tout seul. Ainsi, à chaque fois, il attrape ses chevilles, relève ses fesses, et appelle papa pour quâ??il vienne lâ??essuyer. Sauf en cas de maladies sérieuses, les époux ne demandent à personne dâ??autre de faire cela. Il est clair que les enfants peuvent susciter des sacrifices que les époux ne pourraient pas, ne voudraient pas vivre, mais ces situations fournissent lâ??occasion pour leur amour de grandir en vertu. Lâ??amour montré par un des époux aux enfants est inévitablement remarqué par lâ??autre époux. Cela a deux effets. Premièrement, cela démontre la bonne volonté et la croissance du caractère de celui prend soin des enfants. Câ??est là un signe que les époux ont un but commun et projet commun. Une telle attention crée non seulement des liens entre les parents et les enfants mais aussi entre le mari et la femme. Mari et femme voient lâ??engagement de chacun dans cette activité unique quâ??ils partagent, la procréation et lâ??éducation des enfants. Cette activité partagée renforce et développe une amitié fondée sur lâ??excellence morale. Deuxièmement, il y a un changement intérieur chez la personne qui donne les soins, de telle sorte quâ??elle est rendue meilleure. La mère, qui allaite lâ??enfant la nuit, ou le père, qui change son petit, développent les vertus au-delà du temps en répétant chaque jour ces mêmes gestes, ces actes monotones et vertueux. Bien quâ??ils soient encouragés par lâ??affection naturelle des parents pour leurs enfants, néanmoins les efforts consentis à travers des actes dâ??amour continuels peuvent faire dâ??une personne égoïste un être généreux. Cette transformation du fait des exigences de lâ??amour fait de chacun des époux un être plus vertueux et plus aimant. Plus les époux deviennent vertueux, plus leur amitié fondée sur la vertu se renforce. Câ??est en partie de cette façon que les époux travaillent à leur salut. Comment le Christ sépare-t-il ceux qui sont sauvés de ceux qui sont damnés, selon lâ??Evangile de Matthieu ? « Jâ??avais faim et vous mâ??avez donné à manger ; jâ??avais soif et vous mâ??avez donné à boire ; jâ??étais nu et vous mâ??avez vêtu... » Câ??est ce service que les parents rendent à leurs jeunes enfants quotidiennement et souvent celui que lâ??un des époux rend à lâ??autre au moment de la maladie ou de la vieillesse. De tels actes répétés de dévouement envers sa famille peuvent être étendus à la famille humaine en général. Le pape Jean-Paul II a dit que la civilisation passe par le chemin de la famille. Notre salut passe aussi souvent par cette route. Le mariage est de fait un chemin sacramentel pour travailler à son salut en développant les vertus et en devenant toujours ressemblant à Dieu par un amour donné mors des bons moments comme aux temps difficiles, dans la santé et la maladie jusquâ??à ce que la mort nous sépare, heure à laquelle, Dieu voulant, nous nous joindrons plus parfaitement à la famille céleste.
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